Fumet - Messe des oiseaux pour choeur de femmes
Victor Fumet : Messe des oiseaux pour choeur de femmes ici
un article de musicologie
http://www.musicologie.org/Biographies/f/fumet_dynam_victor.html
Né à Toulouse le 4 mai 1867, mort à Paris le 2 juin 1949.
Il est le fils d'un horloger, qui le soutient dans la voie musicale. Il entre au Conservatoire de musique de Toulouse, où il obtient de nombreux prix.
En 1885, grâce à une bourse de la ville de Toulouse, il entre au Conservatoire national de Paris, où il étudie la composition avec Ernest Guiraud et l'orgue avec César Franck.
Il améliore son quotidien pécuniaire, en dirigeant la musique, au cabaret du « Chat noir » à Paris.
Dans les années 1880, il se lie d'amitié avec des figures de l'anarchisme et du mouvement révolutionnaire, comme Kropotkin et Louise Michel, il contribue au journal anarchiste « La révolte ». Il est surnommé « Dynam » (dynamite ?).
Ses activités politiques sont dévoilées par la presse, ce qui provoque le rejet de sa famille, la fin des subsides de la ville de Toulouse, et peut-être l'échec au Prix de Rome, auquel il se présente en 1886. Il ne retente pas le concours.
Il rencontre Érik Satie en 1887, qu'il a peut-être influencé, il lui laisse sa succession au « Chat noir » en 1890. Il a comme lui de l'intérêt pour l'occultisme, l'alchimie, et les idées anarchistes, et ils fondent tous deux leur propre secte religieuse, dans les marges du catholicisme.
Il se fait médium, et intègre un réseau où il côtoie Saint-Yves d’Alveydre, père de la « synarchie » et de « l'archéométrie », ou Stanislas de Guaïta, le cofondateur avec Joseph Péladan de « L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix », auquel Satie adhère un temps.
Il est également en contact avec Paul Verlaine, ou Gaboriau, le père du roman policier.
Il est admiré pour ses brillantes improvisations à l'orgue et au piano. César Franck l'engage comme assistant à Sainte-Clotilde, de Paris
Il voyage en Amérique du Sud, où il est chef d'orchestre, puis, à son retour, il se marie en 1893. La famille séjourne 3 années à Lescar, dans les Basses-Pyrénées, puis il obtient le poste de maître de chapelle, au collège des jésuites de Juilly, où il reste pendant une dizaine d'années.
À partir de 1910, et jusqu'à sa mort, il est organiste et chef de chœur à l'église Sainte-Anne de la Maison blanche de Paris.
Reprise de sa biographie dans le site de « Musique et Esprit », animé par son petit-fils, le flûtiste Gabriel Fumet : http://gfumet.free.fr/dvfumet.html
SA VIE
Né à Toulouse en 1867 d’un père horloger très autoritaire, Dynam-Victor Fumet commença ses études musicales au Conservatoire de cette même ville où furent très vite reconnus ses dons exceptionnels puisqu’il y obtint tout les prix. Il fut présenté au Conservatoire national de Paris à l’âge de 16 ans où il fut reçu dans la classe dans la classe de César Franck pour l’orgue et d’Ernest Guiraud pour la composition .La municipalité de Toulouse lui vota une pension pour l’achèvement de ses études à Paris et son départ pour la capitale fut accompagné en guise de soutien par la fanfare municipale…
Les premiers temps de ses études à Paris furent consacrés à un travail acharné, mais enfin libéré de la tutelle étouffante de son père il ne tarda pas à se lier à des milieux anarchistes (Louise Michel, le prince Kropotkine, Jean Grave, Charles Malato). Il continue cependant ses études musicales normalement au conservatoire où ses condisciples le surnomment Dynam, probablement à cause de son dynamisme dans sa manière de jouer ainsi que sa façon d’être dans la vie. A 19 ans il monte en loges pour le concours de Rome, est félicité par Reyer et complimenté par Saint-Saëns, mais rate son prix pour des raisons peut-être politiques - un journal du matin a cru devoir dénoncer ses tendances anarchistes. Echec cuisant, scandale à Toulouse : la municipalité coupe les vivres au libertaire, son père refuse de le revoir. Il continue cependant à travailler au Conservatoire où César Franck qui aime ce plus jeune de ses élèves, le sachant dans la gêne, obtient qu’on lui attribue l’orgue d’accompagnement à l’Église Sainte-Clotilde dont il était l’illustre titulaire.
Il devient quelque temps chef d’orchestre au « Chat Noir » où il ne tarde pas à démissionner pour laisser sa place à son camarade Erik Satie. C’est à partir de cette époque qu’il s’adonne au spiritisme et devient un médium réputé, puis après une tentative de suicide dont il réchappe miraculeusement il retrouve la foi en Dieu et sous l’influence de Léon Bloy la foi chrétienne. Il s’intéresse aux sciences occultes dans la ligne des kabbalistes chrétiens. C’est là qu’il se lie avec la duchesse de Pommard, Saint-Yves d’Alveydre, Stanislas de Guaïta etc. Parallèlement, c’est aussi à cette époque qu’il rencontre Verlaine avec qui il aura une amitié forte puisqu’il le tutoyait.
Après un voyage mouvementé en Amérique du sud où il est engagé comme chef d’orchestre, il revient à Paris et se marie dans une famille très proche de la fondatrice de la Société Théosophique, Hélène Blavatsky. Nommé organiste à l’Église Sainte-Anne-de-la-Maison-Blanche, il mena une carrière discrète malgré son génie d’improvisateur qui attirait les foules. C’est là qu’il composera un nombre important d’œuvres pour l’Église qu’il se fera un devoir de créer pour chaque fête importante, mais malheureusement, beaucoup ont été perdues.
SON OEUVRE
Il est difficile de comprendre la musique de Fumet en faisant abstraction de son mysticisme bien que sa musique se défende totalement d’elle même par sa forme et sa qualité intrinsèque. La difficulté viendrait peut-être de son raffinement qui exclut les effets faciles qui ont souvent tendance à plaire au public et au métier en général. Ce musicien extraordinairement doué se refusait à ce qu’il considérait comme lieu commun dans sa création, ce qui n ‘a pas facilité la compréhension de son œuvre par le grand public. De plus possédé par une vocation spirituelle qui lui donnera jusqu’à la fin d’autres centres d’intérêt que ceux qui déterminent la carrière musicale il ne tardera pas à s’isoler complètement alors que ce métier âpre et dur exige une vigilance sociale de tous les instants.
L’œuvre de Dynam-Victor Fumet porte en elle toutes les ambiguïtés, les paradoxes qui caractérisent les isolés, ces indépendants dont le mépris des modes et la sincérité assurent l’originalité hors du temps. Elle échappe volontairement aux formes classiques. Fumet, en effet, pour la plupart du temps, invente sa forme. Issu de l’incomparable école franquiste à laquelle il doit son habileté dans le maniement des formes et surtout à la modulation continue, il dispose d’une harmonie très personnelle, d’une rythmique et d’une mélodie fort subtile qui se distinguent pourtant des grands courants d’avant et d’après guerre.
« Le but de l’art expliquait-il dans une lettre à un ami, est d’humaniser la vie universelle, c’est-à-dire de la rendre proportionnelle à la royauté déchue de l’homme ». Il ajoutait que « l’art est un besoin d’amour depuis que l’homme n’est plus aussi grand que l’univers qu’il regarde. Il appelle l’univers à lui et c’est ainsi que se font les incarnations des œuvres. Il faut donc le besoin d’éternité pour l’absorber, et sentir son exil pour enfanter avec douleur la vérité vivante ».
A la fin de sa vie, étonné de l’indifférence des institutions à l’égard de sa musique ce compositeur à la fois spiritualiste et raffiné expliquait non sans humour que le ciel lui avait tenu rigueur des excessives voluptés que lui avait procurées la création de ses œuvres…