Borodine - Danses Polovtsiennes de Borodine
Danses Polovtsiennes de Borodine
Borodine n'est pas un compositeur très prolifique. Son œuvre maîtresse, l'opéra Le Prince Igor, reste d'ailleurs inachevée à sa mort, dix-huit ans après les premières esquisses en 1869. Son ami Rimski-Korsakov, aidé de Glazounov, la terminera. C’est dans cet opéra que l’on trouve les célèbres Danses polovtsiennes.
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Biographie
Alexandre Borodine est l'enfant naturel du prince géorgien Louka Stépanovitch Guédianov (Guédévanichvili)1, âgé de 62 ans, et de la fille d’un troupier de Narva, Evdokia (Eudoxie) Constantinovna Antonova, âgée de 25 ans, surnommée Dounia2. Son père3 fait déclarer l’enfant par l’un de ses domestiques, Porphyre Borodine, conformément à l’usage de l’époque. Enfin, il veille à ce que la mère ait toujours les moyens d’assurer à leur enfant une vie confortable et de solides études. Il achète ainsi à la mère et au fils une maison de quatre étages et met Alexandre sur son testament avant de mourir. Il organise aussi alors le mariage d'Eudoxie avec un médecin militaire du nom de Kleinek. Comme le fait de donner naissance à des enfants hors mariage était considéré comme honteux par la société de l'époque, Eudoxie se fera passer pour sa tante aux yeux du monde. Alexandre reçoit cependant une excellente éducation à domicile, maîtrisant dès son plus jeune âge le français et l'allemand. Le prince meurt lorsque Alexandre a sept ans et tout est assuré pour son établissement. Il a deux autres frères, reconnus aussi par des domestiques: Dmitri Sergueïevitch Alexandrov et Evgueni Fiodorovitch Fiodorov4.
Autodidacte, le jeune Alexandre apprend à jouer de très bonne heure de la flûte puis du piano et du violoncelle avec un camarade, Mikhaïl Chtchiglev. Il compose une polka (Hélène) à l'âge de neuf ans, puis compose un Concerto pour flûte et piano et un Trio pour deux violons et violoncelle à l'âge de treize ans. Sa mère et son beau-père le destinent à une carrière de médecin et il est inscrit à la faculté à l’âge de quinze ans. Il était passionné de chimie depuis l'âge de dix ans.
Après six ans d’études, il est engagé en 1856 à l’hôpital de l’armée territoriale, mais, trop sensible aux blessures, il obtient un poste de professeur à l’Académie militaire de chimie où il deviendra un grand savant et collabore avec Nikolaï Zinine. Il fait connaissance en 1857 de Moussorgski qui se fait soigner en tant qu'officier à l'hôpital militaire où travaille Borodine. Ce dernier reçoit son titre de docteur en médecine en 1858. Grâce à ses études et à de nombreux congrès, il aura l’occasion de souvent voyager en Europe (Bruxelles, Heidelberg, Gênes, Rome, Paris, etc.). Au retour de son voyage d'études à l'université d'Heidelberg et à l'université de Paris, il est nommé professeur-assistant de l'Académie médico-chirurgicale. C’est au cours de ces voyages qu’il fait la connaissance de nombre d'érudits, et collaborera par la suite avec certains d’entre eux. Il rencontre sa future femme, pianiste talentueuse née Ekaterina Sergueïevna Protopopov, à Heidelberg en 18615. Elle lui fait découvrir Schumann, Chopin, Liszt. Ensemble, ils iront à Mannheim découvrir l’œuvre de Wagner.
Il fait partie du Groupe des Cinq, par l'entremise de Balakirev son créateur, dont il fait la connaissance en 1862. Le groupe est composé aussi de Rimski-Korsakov, de Cui et de Moussorgski, qu'il connaissait déjà. La musique russe était alors entièrement sous l'influence du pouvoir. Ils se regroupent et s'affranchissent de la musique « officielle ». Glazounov, élève prodige de Rimski-Korsakov, les rejoindra. Borodine fait aussi partie du cercle d'amis de Mitrofan Belaïev, admirateur de Glinka et de la musique russe traditionnelle.
En 1862, Borodine compose un Quintette en ut mineur. C’est à cette époque qu’il se joint au Groupe des Cinq. Tout en partageant les idées fondamentales du groupe, il se révéla moins hostile que ses condisciples à l’emprise germanique sur la musique russe.
Il commence l’écriture de sa Symphonie no 1 en mi bémol majeur, en décembre 1862 qu’il achève en 1867. Elle ne reçoit pas un bon accueil.
Il commence la composition de sa Symphonie no 2 en si mineur en 1869. Néanmoins il se sent prédestiné pour l’opéra et l’idée du Prince Igor fait son chemin. Borodine poursuit par ailleurs sa carrière scientifique. En 1877, il visite les laboratoires d’un certain nombre d’universités allemandes. Il rencontre à cette occasion Franz Liszt à Weimar. Trois ans plus tard, en 1880, Liszt donne avec grand succès la Symphonie no 1 en mi bémol majeur. Pour le remercier, Borodine lui dédie son poème symphonique, intitulé Dans les steppes de l'Asie centrale qui connaît immédiatement un succès retentissant et durable et reste l'une de ses œuvres maîtresses.
Après de profondes études ethnologiques et historiques, il entame la rédaction de l’opéra Le Prince Igor (dont sont extraites les célèbres Danses polovtsiennes), achevé après sa mort par Alexandre Glazounov et Rimski-Korsakov et créé au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, le 23 octobre (4 novembre) 1890.
Borodine est profondément affecté par la mort de Moussorgski en mars 1881. Son état physique se dégrade. Il souffre de plusieurs attaques cardiaques et même du choléra. Son œuvre, elle, commence à se diffuser en Europe. Il rend encore visite à Liszt à l’automne 1885. L’année suivante, il entame la composition d’une troisième symphonie, la Symphonie en la mineur qu'il ne pourra achever. Il continue la composition de son opéra Le Prince Igor, notamment l’ouverture et le chœur des prisonniers russes du deuxième acte, en 1886. Le 27 février 1887, il assiste à un bal masqué organisé par les professeurs de l’académie. Il s’effondre, victime d’un infarctus à l'âge de 53 ans. Son épouse ne lui survivra que cinq mois.
L'argument
L'histoire se déroule en Russie, en 1185. Après plusieurs pillages perpétrés par les Polovtsiens, le prince Igor part en campagne avec son fils Vladimir contre la tribu tartare, menée par le khan Kontchak. Il confie à son beau-frère, le prince Galitzky, le soin de gouverner en son absence, mais celui-ci convoite secrètement le pouvoir et aspire à renverser le prince Igor. Alors que la sœur de Galitzky, Yaroslavna, déplore l'absence de son époux, on annonce la défaite du prince Igor, capturé avec son fils par les ennemis.
Dans le camp polovtsien, Vladimir et la fille du Khan, Kontchakovna, tombent amoureux. Le khan consent à cette union et propose à Igor une alliance en échange de sa liberté. Celui-ci refuse et, profitant de l'allégresse générale régnant dans le camp de la victoire, il s'échappe. Son fils reste et épouse Kontchakovna. De retour dans sa cité, dont la tranquillité s'est vue troublée par les agissements de Galitzky, le prince Igor est accueilli en sauveur et acclamé par son peuple.

Focus sur les Danses polovtsiennes
C’est en 1869 que Borodine décide de composer un opéra qui s’inspire de l’ancienne Russie. L'œuver reste inachevée à sa mort, mais les Danses polovtsiennes issues de l'opéra sont jouées de son vivant. En effet, Borodine redouble d’efforts pour les terminer : elles seront jouées pour la première fois avec succès le 27 février 1879. L’opéra, quant à lui, sera terminé par les compositeurs Rimski-Korsakov et Glazounov.
Le mardi 18 mai 1909, le journal Le Figaro annonce le programme, pour le premier concert des Ballets russes, dont « Le Prince Igor, scènes chantées et les Danses polovtsiennes de l'opéra de Borodine ».
Des danses authentiquement russes ?
Dans le livret, il s’agit de danses sauvages d’une tribu nomade du XIIe siècle sur les bords de la Mer noire. Les danses sont exécutées dans le camp des Polovtsiens, alors que leur chef, le khan Kontchak, retient prisonnier le prince Igor.

Le public parisien croit, lors de la première du ballet de Diaghilev, voir les danses russes anciennes les plus authentiques ! La chorégraphie est en réalité créée de toutes pièces par Michel Fokine, le chorégraphe de Diaghilev. Fokine dit qu’il « visualisait tout clairement » avant de partir en répétition donner des indications aux danseurs, qu’il met en mouvement collectivement pour l’occasion, sans véritable soliste désigné. Les artistes qui entourent Diaghilev prennent en fin de compte plutôt appui, pour leur mise en scène, sur le témoignage du peintre américain George Catlin (1796-1872), qui publie en 1842 ses souvenirs illustrés de huit années passées chez les Peaux-Rouges d’Amérique. Il décrit en particulier la Danse du Scalp chez les Sioux, dont « aucune description ne pourrait donner plus qu’une faible idée de l’impression terrifiante de ces danses, qui se déroulent au cours de la nuit sombre, au flamboiement des torches ».
Déroulé des Danses polovtsiennes
Dans l'opéra, les Danses polovtsiennes apparaissent à la fin de l'acte II et sont accompagnées d'un chœur. Cependant, elles sont régulièrement données en concert dans une version exclusivement instrumentale, où les instruments remplacent les voix. Le début de l'acte II est également introduit par un chœur suivie d'une Danse des jeunes filles polovtsiennes, souvent associée en concert aux Danses polovtsiennes finales.
Cette pièce est composée d'une succession de danses. La première, la Danse ondulante des jeunes filles, commence par une courte introduction jouée à la flûte, à laquelle répond la clarinette. Puis vient le thème chanté à l’unisson par le chœur des jeunes filles (joué au hautbois dans la version instrumentale, relayé par le cor anglais, puis par les cordes), sur ces paroles nostalgiques : « Vole sur les ailes du vent, tu es en terre natale, notre chanson de naissance. Là, où nous t’avons facilement chantée, où nous étions tous si libres avec toi ». Après cette danse féminine vient la Danse sauvage des hommes, plus rapide, caractérisée par un thème très sinuant, joué dans le registre aigu par les vents. Les cuivres interviennent ensuite fortissimo. La Danse générale fait entendre avec force les percussions, qui ponctuent un nouveau thème joué à contretemps. Une partie centrale, apaisée, fait entendre les voix de femmes qui alternent avec une voix d’homme (jouées par les cordes, hautbois et clarinettes dans la version instrumentale), avant la reprise marquée des percussions. La Danse des garçons et la deuxième Danse des hommes se succèdent ensuite, avant la reprise de la Danse ondulante des jeunes filles, combinée avec celle des garçons. La fin des Danses polovtsiennes voit se répéter la Danse des garçons et la deuxième Danse des hommes, avant que n’éclate une Danse générale reprenant les thèmes entendus précédemment dans l’introduction et la Danse sauvage des hommes.
Auteur : Bruno Guilois
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